Comment ne pas devenir un leader superficiel

lundi 14 Sep. 2015

Nous sommes le 14 septembre. Aujourd’hui, je souffle mes 28 bougies. Depuis tout petit, mes anniversaires sont des moments d’émotions mitigées. Je n’ai jamais su pourquoi. C’est comme si je me sentais obligé de regarder sous les couches superficielles de ma vie…

Après avoir accompagné près de 300 leaders au travers de mon travail de consultant en projets chrétiens, j’ai remarqué que bien souvent, le problème ne vient pas du manque de connaissances en techniques de management ou de communication, ni du manque de ressources financières ou bénévoles. Avant tout, un leader a besoin d’avoir un regard moins superficiel sur lui-même.

Mais ce n’est pas dans une optique business que je vous parle de tout cela. Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, et je fais le point sur l’état de mon coeur, comme pour rattraper les autres jours, où je n’ai pas le courage de regarder à l’intérieur. J’aimerais vous faire part, tout simplement, de ce que j’ai aperçu aujourd’hui, alors que la porte de mon coeur s’est entrouverte.

J’écris cet article en écoutant le nouvel album sans paroles de Bethel Music : Synesthesia. Si vous avez envie d’être dans le même mode, voici le lien spotify et pour les non spotify, voici le lien youtube : https://www.youtube.com/watch?v=k55SWaobwxc !

1. Ce n’est pas parce que je ne sens rien que je vais bien

Lors de l’année qui vient de s’écouler, j’ai pris plusieurs décisions difficiles : diminuer mes engagements, mettre en pause certaines relations, simplifier au maximum mon emploi du temps… Tout cela pour laisser des respirations pour ma famille, pour Dieu, pour moi. Et, surprise, cela ne m’a pas aidé à aller mieux !

Au contraire, le fait de prendre conscience de l’état de mon coeur m’a donné le vertige. La tentation a alors été très grande de remplir mon planning à bloc, pour que l’adrénaline me rende insensible à nouveau.

Au cours de l’année, je suis tombé plusieurs fois dans ce piège de la saturation, pour éviter d’affronter la réalité profonde. Mais, tant bien que mal, j’ai décidé de faire face à toutes les piètres réalités qui se logeaient au fond de moi.

J’ai lutté avec ce concept de lâcher prise, pour enfin comprendre que guérir ce n’est pas une perte de temps. C’est un investissement à long terme !

J’ai lu un livre qui m’a vraiment ouvert les yeux sur mon état. J’en parlerai dans un autre article, mais en attendant, voici un passage qui peut vous parler si vous vous trouvez dans la même situation que moi :

La guérison des blessures de votre cœur ressemble beaucoup à la gelure que jʼai expérimentée après une escalade particulièrement difficile et dangereuse. Tant que vous êtes engourdis, vous ne ressentez aucune douleur. Tout semble aller « bien ». Le déni fonctionne, et fonctionne même très bien. Au moins, vous ne ressentez pas de douleur. Cʼest pourquoi on lʼutilise. Cela ne veut pas dire que tout va vraiment bien ; cʼest simplement que vous ne ressentez pas le brisement. Tout comme pour mes doigts. Quand ils étaient gelés, je ne ressentais aucune douleur et je pouvais supporter les coupures et les roches qui tombaient, sans même sourciller. Mais le gel continuait à faire ses ravages. Quand jʼai commencé à dégeler mes mains et mes pieds dans la baignoire, dans la sécurité de mon foyer, whoaaa ! Jʼai commencé à ressentir intensément et profondément la douleur. Voilà pourquoi les gens choisissent de demeurer engourdis et dans le déni – cʼest trop douloureux de voir clairement. Cʼest trop douloureux de dégeler. Je souhaiterais quʼil y ait un chemin plus facile, mais le seul chemin vers la guérison passe par la douleur.

Quand je regarde autour de moi, je vois que plus le temps passe, plus les blessures intérieures des gens prennent de la place. Mais sous l’effet du froid, ils ne ressentent pas le besoin de se soigner. Le pire dans tout ça, c’est que sans le savoir, ils font souffrir les gens qui les entourent. Une personne blessée blesse les autres, même sans s’en rendre compte…

Le temps n’arrange pas nos blessures, il les amplifie !

Alors même si vous n’avez pas envie de regarder les choses laides qui se cachent à l’intérieur, faites-le pour vos proches, à commencer par vos enfants ! Quand on est en responsabilité, que ce soit en tant qu’entrepreneur, cadre, leader d’église, pasteur ou autre, je crois que notre responsabilité première et fondamentale est de laisser Dieu guérir notre être intérieur.

2. « La qualité de ta vie dépendra de la qualité de tes relations.« 

Je suis quelqu’un de très relationnel. Je suis toujours entouré de beaucoup de monde. J’aime être en groupe, faire de nouvelles rencontres. J’ai très rapidement appris l’importance d’avoir de vrais amis, des gens qui ont accès à mon coeur, qui peuvent me remettre en question, qui connaissent mes forces et mes faiblesses, qui m’acceptent comme je suis. J’ai découvert que se faire des amis, je veux dire de vrais amis, est un art subtil. Voici plusieurs points qui peuvent vous aider :

  • L’âge importe peu. Plusieurs de mes amis sont beaucoup plus âgés ou plus jeunes que moi : ce qui compte, c’est la connexion de coeur, la confiance, les aspirations communes.

  • La confiance avant tout. La confiance se bâtit avec le temps, comme une maison, brique par brique. Il est important d’exprimer les règles du jeu de ce que signifie pour vous l’amitié, la confiance. Nous n’avons pas tous les mêmes définitions !

  • Il vaut mieux prévenir que guérir. Nous avons souvent peur d’exprimer nos craintes, ou de mettre en place des règles, de peur de froisser la relation. Demander à votre ami de ne rien répéter à telle personne, expliquer que vous avez parfois besoin de prendre du recul, ou qu’un certain type d’humour vous met mal à l’aise : tout cela permet à l’autre de vous comprendre. Et s’il n’est pas en mesure de comprendre, qu’il s’en offusque ! Inutile d’aller plus loin pour le moment, vous gagnerez du temps et éviterez beaucoup de souffrance.

  • Il faut être pro-actif. L’amitié se construit sur des souvenirs communs. Mes amis vous confirmeront que j’aime dormir chez les gens ou les faire dormir chez moi. Je trouve qu’on gagne des années de relations en passant la nuit chez quelqu’un ! On parle tard le soir, on ouvre une bouteille, on fume un cigare, on regarde les étoiles, et les sujets de conversation deviennent de plus en plus personnels.

  • Priez pour que Dieu mette des amis sur votre chemin. Il vous connaît bien, et il sait pertinemment avec quel genre de personnes vous allez accrocher !

  • N’attendez pas de retrouver tout ce que vous cherchez en une seule personne. Chaque personne a ses forces, ses faiblesses, et une histoire unique. Chacune de mes amitiés est unique et apporte quelque chose de différent : l’écoute, l’inspiration, l’encouragement, le fun, la détente, les conseils… Certains de mes amis n’ont pas le don d’écoute (je ne suis pas très bon à ça non plus, mais je m’améliore !). Pourtant, ils ont d’autres dons incroyables qui me font un bien fou.

Pour aller loin, il est bon de savoir s’entourer. Voici ce que m’a dit un jour le pasteur Bruno Picard : ce qui empêche un pasteur de tomber, ce n’est pas le niveau de sa spiritualité mais la qualité de ses amitiés !

3. Savoir choisir mes priorités

Quand je dois prendre une grande décision, je réfléchis toujours en termes de dominos : je cherche à trouver quel est le domino qui doit tomber en premier, pour enclencher la réaction en chaîne qui débloquera la situation.

Chaque période de la vie a ses dominos, à vous d’analyser quelle est la priorité. Cette année, mon premier domino a été la qualité de ma relation avec mon épouse, pour qu’ensuite nous ayons la force de nous attaquer à nos défis intérieurs, pour qu’ensuite nous ayons la force de nous attaquer à notre budget, pour qu’ensuite j’aie l’esprit libre pour bien gérer l’entreprise et qu’Hélène puisse se sentir d’attaque pour nos garçons.

Ce n’était pas mon plan initial. Je voulais lancer un deuxième business dans le développement personnel et la santé, m’investir à fond dans l’implantation d’une nouvelle église, mettre sur orbite mon entreprise, lancer Fabuleuses sur les chapeaux de roue avec Hélène, et enrichir encore plus mes amitiés en invitant tous les week-ends des amis à venir dormir à la maison, et encore voyager en famille un peu partout en Europe. En soi, le plan était bon, mais rapidement j’ai du revoir ma stratégie. C’est dans ces moments qu’il faut réussir à avoir une vision long terme !

4. Abandonner

Je m’excuse d’avance, mais ce paragraphe risque d’être un peu sur les nuages… Je vais vous parler de ma relation avec Dieu. Je ne peux pas faire un récap de l’année passée sans parler de ce qui guide mon quotidien. La raison pour laquelle je suis devenu chrétien, c’est la prise de conscience de mon incapacité personnelle à prendre de bonnes décisions, à être moi-même,  à ne pas blesser les autres et à être heureux.

Certains aiment dire que croire, c’est pour les faibles. Je ne les contredirai pas sur ce point.  Croire en Dieu, c’est accepter sa petitesse face à la complexité de la vie, croire en un Dieu tout-puissant qui a créé la terre et les cieux, qui m’a voulu, qui me connaît et qui sait bien mieux que moi pourquoi je suis là et ce que je dois faire.

Plus j’avance, plus je réalise la difficulté de la vie, plus j’abandonne, et étonnamment, plus je deviens fort. Sans vouloir tomber dans un message basique, du genre “crois en Dieu et tu réussiras” : quand je regarde ma vie, je ne peux pas dire qu’aux yeux du monde je suis faible. J’ai 28 ans, une femme magnifique, deux enfants merveilleux, une société qui approche le 1/2 million de chiffre d’affaire annuel, j’ai voyagé dans de nombreux pays, j’ai une équipe de 7 personnes qui travaillent à mes projets, une maison en pleine forêt dans un village qui est capitale viticole en Alsace (cool non ?), des amis incroyables, des mentors géniaux, un métier passionnant, des portes ouvertes un peu partout !

Non, je ne suis pas faible, car j’ai décidé d’abandonner ma vie dans les mains de mon Dieu, qui par je ne sais quel miracle m’aide à avancer, épreuve après épreuve. Et si je suis honnête avec moi-même, je pourrais dire que par mes propres forces, j’aurais aussi pu en arriver là. Mais à quel prix ? Quel serait l’état de mon être intérieur ? De mes relations ? De ma famille ? Je ne sais pas…

5. Devenir moi-même

Pendant plusieurs années, une aide soignante accompagnant des gens en fin de vie a fait une enquête, posant toujours la même question : “Quelles choses auriez-vous aimé faire différemment ?”

Les réponses étaient presque unanimes :

  • numéro deux : “J’aurais travaillé moins”

  • la première réponse : “J’aurais été moi-même, j’aurais choisi une autre voie, je n’aurais pas laissé le regards des gens ni la peur m’empêcher de faire ce qu’au fond de mon coeur j’avais envie de faire.”

Cette année, j’ai commencé à écrire le “pourquoi” de ma vie (oui, ça fait un peu gros, mais c’est mon leitmotiv, qui va se préciser au fil des années). Qu’est-ce qui me fait vibrer ? Qu’est-ce que je veux accomplir et devenir ? J’en ai ressorti cette phrase : “chercher les mystères d’une vie libre et heureuse, et les partager autour de moi.”

Honnêtement, dans notre culture, cela fait un peu “je me la raconte”. Un blog à mon nom ? Raconter mes expériences ? Être consultant ? À 28 ans ? Au long des dernières années, plusieurs personnes proches de moi m’ont beaucoup découragé, en me disant que je n’étais pas légitime, trop jeune, que ce que j’avais à dire n’était pas bon vu le contexte culturel…
Mais quand j’écoutais la petite voix au fond de moi, je savais que je devais le faire. Je voyais aussi les autres retours, très positifs, de leaders qui étaient super encouragés par mon travail.

Avec ma femme Hélène, nous avons pris la décision de devenir nous-mêmes, de ne pas laisser les autres définir ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. Le problème, quand on est nous-même, c’est qu’on est plus vulnérable. Une critique devient tout de suite plus difficile à entendre, car elle nous touche profondément. Je crois que c’est le prix à payer, car c’est tellement bon d’être soi-même ! Au final, c’est nous qui vivons notre vie, pas les autres. Alors, ne les laissons pas définir pour nous ce que nous devons être.

Je sais que si vous lisez ce blog, c’est que :

  • soit on se connaît et vous êtes curieux d’en savoir plus. Dans ce cas, j’espère que cet article vous aura aidé à mieux me comprendre et que nous pourrons continuer à aller de l’avant ensemble.

  • soit on ne se connaît pas, mais vous aussi vous vous retrouvez dans cette quête de découvrir les mystères d’une vie heureuse, vous aspirez à de grandes choses pour votre vie. Dans ce cas, j’espère que cet article aura pu vous aider à mettre des mots sur certaines choses que vous vivez ou vous préparer pour les prochains défis.

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